Centre Ouest Bretagne Transmission du chant traditionnel Pédagogie de la transmission Détails
IWAN AL LUMIER
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YVES LA LUMIERE
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Ma mamm zo mar' yaouankik mat, Ret 'vo din klask un' all d'am zad. Ma mamm zo mar' yaouankik flamm, Ret 'vo din kaout ul lez-vamm. Pa ve' ma lez-vamm, ma zad e prediñ, Me 've' 'drañ (1) o c'hein evel ur c'hi. Me 'm 'e' bara lêzh, krampou'zh lou'det, Ha ki ma zad 'n o deb'a ket. N'e' ket ma c'halon ken 'vit pad, Ret 'vo din mont da servij vat, Ret 'vo din mont da servij vat Da c'hounit ma boued ha ma dilhad, Da c'hounit ma boued ha ma dilhad, Vel 'ven bet mab d'ur paour bennak, Da c'hounit ma boued ha ma arc'hant, 'Vel 'ven bet mab d'ur peizant. N'e' ket ma c'halon ken 'vit pad, Ret 'vo din mont da vel't ma zad. "Boñjour ha joa, tud an ti-mañ ! Ha dac'h, ma lez-vamm, da gentañ, Ha dac'h, ma lez-vamm, da gentañ, Ma zadig paour 'menn emañ-eañ ? - Ho tad, Iwan, n'e' ket er gêr, Et e' un tammig evit afer, Ete'untammigevitafer, Na dardo ket e teuy d'ar gêr. Met deu't en ti da repoziñ Hag un tamm bennak da debriñ. - 'Barzh en ho ti na deb'an ket, Kar n'erruan ket 'barzh alies. Ma zad er gêr pan erruo, Reit dehañ ma gourc'hemennoù !" E dad er gêr pan e' erruet, E lez-vamm 'n 'eus-hañ dikriet : "Ho mab Iwan zo bet amañ, Ha 'n 'eus gourdrouzet ho lazhañ, Gourdrouzet 'n 'eus kaout ho puhe' 'Balamour ma touchec'h e leve. - N'e' ket posub' se, ma Doue Ma mab ma c'hare koulskoude ! - Ma 'gredit ket merc'hed ho ti, Goull gant pôtred ar ma'chosi !" Tout a savaint a-du ganti Gant aon deus hi facheri, Gant aon deus hi facheri, 'Met ar vatezh vihan deus an ti : "Ho mab Iwan zo bet amañ Ha 'm 'eus klevet 'met vad getañ ! - Dip'et din ma c'harr ha ma roñsed, Da Roedon fenoz renkan monet, Da Roedon fenoz renkan monet, Na bout 'krevehen tout ma c'hezeg !" 'Barzh e Roedon pen errue, 'Ti e gomer e tiskenne. "Boñjourdac'h-c'hwi,mac'homer, Ha dac'h gant joe, ma c'homper ! - Petra zo fenoz er gêr-mañ Pen oc'h erru deus ar souhet-mañ ? - Ho filhor Iwanig al Lumier 'Vo dibennet fenoz er gêr-mañ. - N'e' ket posub' se, ma Doue, Ho mab ho kare koulskoude ! - Gourdrouzet 'n 'eus kaout ma buhe' 'Balamour e touchen e leve. - Pouez ma c'harroñs, ma roñsed a rin Ma chomo ma filhor ganin, Pouez ma c'harr en arc'hant gwenn, Ma choma ma filhor ganin. - Na bout rehec'h kemend-all c'hoazh, Ho filhor na chomey ket genac'h !" Iwanig bihan zo bet spontet, Ya ! 'vit an nozioù tremenet E welet pe'r archer armet kloz, 'Erruout en klask a greiz an noz. Iwanig bihan hag a c'hoarzhe Sa 'n archerien pan o gwele. "Iwanig bihan, na c'hoarzhet ket, Kar evidomp-ni 'farsamp ket, Kar evidomp-ni 'farsamp ket, Ho tad en 'eus ho tenoñset. - Ma e' ma zad 'n 'eus ma denoñset, Me a yey genac'h da vout jujet." Iwanig bihan a lavare, 'Beg ar potañs pen errue : "Me 'wel ma lez-vamm war doull hi c'hambr E sono violoñs arc'hant. Son a ra hi digant joe, E welet kavout ma buhe'. Me 'wel ma c'hoer 'tont gant ar ru vras Ha hi 'fatigo paz seul paz. - Tevet, ma c'hoer, na ouelet ket, Kar malerus na vihet ket. Me am eus poder gomenant Ha triwec'h milin war ar stank. Ar c'hoed zo en olifant gwenn, Tout 'viant d'am c'hoer Mari-Ren. - Iwanig bihan, 'gomzit ket mat, C'hoezh 'n 'eus bugale ell ho tad. - Ha bout 'n 'ehe kemend-ell c'hoazh, Ma zraou na chomiant ket genac'h ?" Iwanig bihan 'n 'eus bet komzet, Tri de' goude 'oe dibennet. "Laket ma mamm-gêr 'n ur forn c'horet, Ma'sen 'vo gant Doue pardonet, Ma'sen 'vo gant Doue pardonet, Kar en hani-se, sur na 'n 'o ket !"
Ma mère est morte bien jeune, Il m'en faudra trouver une autre à mon père. Ma mère est morte toute jeune, Il me faudra avoir une marâtre. Quand ma marâtre et mon père sont à table, Je suis derrière eux comme un chien. J'ai du pain au lait, des crêpes moisies, Le chien de mon père ne les mange pas. Mon cœur ne peut plus le supporter, Il me faudra aller servir, Il me faudra aller servir Pour gagner ma nourriture et mes habits, Pour gagner ma nourriture et mes habits, Comme si j'étais le fils d'un pauvre, Pour gagner ma nourriture et mon argent, Comme si j'étais le fils d'un paysan. Mon cœur ne peut plus le supporter, Il me faudra aller voir mon père. "Bonjour et joie, gens de cette maison ! A vous d'abord, ma marâtre, A vous d'abord, ma marâtre, Mon pauvre père où est-il ? - Votre père, Yves, n'est pas à la maison, Il est sorti pour affaires, Il est sorti pour affaires, Il ne tardera pas à rentrer. Mais entrez pour vous reposer Et pour manger un peu. - Je ne mange pas dans votre maison, Car je n'y viens pas souvent. Quand mon père rentrera, Faites-lui mes compliments !" Quand son père est rentré, Sa marâtre l'a décrié : "Votre fils Yves est venu ici, Et il a menacé de vous tuer, Il a menacé d'avoir votre vie Parce que vous touchiez sa rente. - Cela n'est pas possible, mon Dieu, Mon fils m'aimait pourtant ! - Si vous ne croyez pas les femmes de votre maison, Demandez aux hommes de vos écuries !" Tous furent d'accord avec elle Par crainte qu'elle ne se fâche, Par crainte qu'elle ne se fâche, Excepté la petite servante de la maison : "Votre fils Yves est venu ici Et je ne l'ai entendu dire que du bien ! - Sellez mes chevaux et ma voiture, Je dois être à Rennes ce soir, Je dois être à Rennes ce soir, Même si je crevais tous mes chevaux !" A Rennes en arrivant, Chez sa commère il descendit : "Bonjour à vous, ma commère, Et à vous, mon compère, avec affection ! - Qu'y a-t-il ce soir dans cette ville Que vous vous y trouviez ? - Votre filleul Yves la Lumière Sera décapité ce soir dans cette ville. - Ce n'est pas possible, mon Dieu, Votre fils vous aimait pourtant ! - Il a dit qu'il voulait avoir ma vie Parce que je touchais sa rente. - Je donnerais le poids de mon carrosse, de mes chevaux Pour que mon filleul reste avec moi, Le poids de mon carrosse en argent blanc, Pour que mon filleul reste avec moi. - Quand bien même vous en donneriez encore autant, Votre filleul ne restera pas avec vous !" Le petit Yves fut effrayé Oui ! les nuits passées, De voir quatre archers bien armés, Qui venaient le chercher en pleine nuit. Le petit Yves riait Aux archers quand il les voyait. "Petit Yves, ne riez pas, Car nous, nous ne plaisantons pas, Car nous, nous ne plaisantons pas, Votre père vous a dénoncé. - Si c'est mon père qui m'a dénoncé, J'irai avec vous pour être jugé." Le petit Yves disait, Du haut de l'échafaud quand il arrivait : "Je vois ma marâtre dans sa chambre Qui joue de son violon d'argent. Elle joue avec joie, Voyant qu'elle va avoir ma vie. Je vois ma sœur venant par la grand-rue Elle s'évanouit à chaque pas. - Taisez-vous, ma sœur, ne pleurez pas, Car vous ne serez pas malheureuse. J'ai quatre fermes Et dix-huit moulins au bord de l'étang. Leur bois est en ivoire blanc, Tous, ils seront à ma sœur Marie-Reine. - Petit Yves, vous ne parlez pas bien, Votre père a d'autres enfants. - Quand bien même il en aurait encore autant, Mon bien ne vous resterait pas ?" Le petit Yves a parlé, Trois jours après, il fut décapité. "Mettez ma marâtre dans un four chauffé, Peut-être sera-t-elle pardonnée par Dieu, Peut-être sera-t-elle pardonnée par Dieu, Car, sans cela, elle ne le sera pas !"

Classification

Genre :
Gwerz
Thématique :
Classification Patrick Malrieu : 1220 - Assassinats par jalousie ou vengeance Assassinat Assassinat par jalousie

Localisation

L'histoire :
Relative à la noblesse Lieu mentionné : Rennes pour sa justice
Les informateurs :
Marie Poull à Mellionnec – Mme Ropers
Collecteur (trice) :
Yann-Fañch Kemener
Date de la collecte :
02/11/1979
Lieu de la collecte :
Mellionnec
Pays :
Fañch
Informations sur le chant :
Elle dit détenir cette gwerz de sa mère Mélanie Loriquer, née à Plouguernevel. Mélanie Loriquer épouse Poull (Pifer Zantoù)

Langue

Cette version a été collectée à Mellionnec, en 1979, commune de haute cornouaille, limitrophe du pays vannetais – pourlet. Il a noté que la langue employée dans cette version est plus proche du parlé fañch (an diezoù) emprunt d’influences vannetaises, comme la palatisation
Particularités linguistiques :
En comparaison avec la norme établie I c’h ont = o vont Sag = etreseg D’ag = deus, diouzh, ag

Forme poétique

Présentation du déroulé de l'histoire :
Une histoire dramatique Sous forme de narration avec dialogues entre plusieurs personnages Un héros
Système métrique :
Octosyllabe rimé, Distique
Rimes :
Finales

Ressources

Autres versions collectées :
Tregor - Luzel Canihuel: Mme Bertrand / Claudine Mazéas Plouray: Helene Park – Carnets de route YF K Trefrin: Goadec Minihy Tréguier: Maryvonne Garlan / Claudine Mazeas Voir Dastum Pengwern
Etudes :
Références: Eva guillore
Enregistrements :
Dastum, Barzaz, Sœurs Goadec, Mme Bertrand
Déroulé :

Introduction
Un garçon du nom d’Iwannig al lumier Est orphelin de mère Il fallait une autre femme au père

1ère phase
La maltraitance de l’enfant Comme un chien
Il s’en va gagner son pain
Comme s’il était le fils d’un pauvre
Gagner son pain
Comme s’il était le fils d’un paysan

2ème phase
Il s’en revient voir son père
Il salue tout le monde
Et sa marâtre
Demande où est le père ?
Votre père n’est pas à la maison,
il est parti pour affaire
Mais ne tardera pas a rentrer
On l’invite à rentrer.
Il refuse Au prétexte qu’il n’y mange pas souvent
Il quitte la maison et demande à ce qu’on fasse part au père de sa visite

3ème phase
Quand le père rentre
La marâtre décrit le fils
Votre fils est venu,
il a souhaité votre mort au prétexte que vous touchiez ses rentes
Négation du père La marâtre réussie a le convaincre avec l’appui des servantes, excepté la petite servante

4ème phase
Le père fait équiper, brider, seller ses chevaux pour aller à la justice de Rennes « quant bien même je crèverais un cheval toutes les heures.
A Rennes, il descend chez sa commère
Que faites vous ici à cette heure ?
Votre filleul sera décapité en cette ville Il a souhaité ma mort parce que je touchais sa rente
Je donnerais le poids de mon carrosse et de mes chevaux pour que mon filleul me reste
Quand bien même vous en donneriez autant, votre filleul sera décapite

5ème phase
Iwannig a été réveille les nuits passées
En voyant quatre archers bien équipés,
Venus le chercher en pleine nuit
Iwannig riait quand il les voyait
Iwannig ne riez pas c’est votre père qui vous a dénoncé
Si c’est mon père qui m’a dénoncé,
J’irais avec vous pour être juge

6ème phase
Iwannig disait quand il arrivait en haut de la potence :
Je vois ma marâtre à la porte de sa chambre
Qui joue du violon d’argent
Elle joue de bon cœur en me voyant perdre ma vie
Je vois ma sœur descendre la grande rue
Elle fatigue à chaque pas
Ne pleurez pas ma sœur, car vous ne serez pas malheureuse
J’ai quatre fermes et 18 moulins sur chaque étangs Les bois sont d’ivoires.
Ils seront à ma sœur Mari Renée
Iwannig vous ne parlez pas bien car votre père à d’autres enfants
Quand bien même
il en aurait autant, mon bien ne vous reviendra pas.

Epilogue
Iwannig a parlé trois jours après sa mort
Mettez ma marâtre dans un four chauffé à blanc.
Peut être sera t’elle pardonnée par Dieu.
Autrement elle ne le sera pas !

Personnages :
Qui parlent Un fils héritier – orphelin de mère Un père Une marâtre Une marraine Une servante
Lieux mentionés :
Rennes (la justice)
Informations fournies par le chant :
Sur les mœurs, Le droit, La justice, L’organisation de la sociéte

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